Du lobbying


Le lobbying consiste à inculquer une opinion à une personne influente, de manière plus ou moins directe. Pour cela, il existe plusieurs méthodes basiques, dont la principale consiste à ouvrir l'entente de la cible aux opinions à lui inculquer. Cependant, une chose est sûre dans le lobbying : quoi que l'on puisse faire, rien n'assurera jamais l'indéfectible loyauté de la cible, sinon la politique ne serait certainement pas si complexe.

 

Toutes ces méthodes sont plus ou moins complémentaires mais toutes nécessitent de connaître sa cible et ainsi de jouer sur ses points de pression : socialement, on ne peut rien contre une personne dont on ne sait rien. L'étude de ces points de pression, talents et relations est donc la première chose à faire avant d'établir un plan d'action.

 

Dans Vampire : la Mascarade, les personnages qui n'ont pas besoin d'utiliser leurs disciplines pour manipuler les autres sont les plus dangereux. Voir utiliser ces armes est plaisant pour un conteur, mais cela le devient davantage quand les joueurs en sont la cible et que c'est à eux de jouer.

 

Système : hors roleplay, tout type de jet peut être demandé car cela dépendra avant tout du contexte. Lancer une enquête pour tenter de découvrir un point de pression de la cible peut se faire via un ou plusieurs jet en opposition ou prolongés que le conteur est appelé à faciliter si le joueur utilise correctement ses disciplines et capacités. En partant toujours d'une difficulté maximale (9), en la réduisant suivant les options proposées par le joueur, il pourra convenir que les personnages les plus puissants seront les plus durs à espionner.

 

Bien sûr, Vampire : la Mascarade est un système narrativiste (c'est pourquoi le système de jeu est appelé "Storytelling system"). Narrer l'enquête, même de manière courte, sera toujours plus agréable pour les joueurs comme le conteur que de recevoir l'information voulue suite à un lancé de dé.

Notes : "l'art d'avoir toujours raison" d'Arthur Schopenhauer est une excellente source pour saisir la nature du sophisme et de la rhétorique manipulatoire. De plus, si en politique et en économie, les entreprises de Lobbying sont surveillées et réglementées, les vampires ne s'encombrent pas de ce genre de problèmes.


Connaître

Écouter les rumeurs

Certainement le moins fiable, écouter les rumeurs à leurs sources peuvent permettre en les recoupant de trier le vrai du faux sans être confronté directement à la cible, parfois même sans que personne ne s'en rende compte.

 

Nouer l'amitié

Si le risque de nouer l'amitié est d'être soit-même manipulé et trompé, le temps est le meilleur allié des pratiquants de cette méthode. Peu de risques sont encourus, mais plus la cible est régulièrement entretenue, plus ses réactions seront prévisibles. La séduction fait complètement partie de cette méthode.

 

Mener l'enquête

En menant une enquête complète (espionnage, interprétation des documents, interrogatoire des contacts, etc.), il devient facile de découvrir les points de pression de la cible avec une grande fiabilité. Cependant, les chances d'être découvert et les ressources demandés sont les plus importants.


Préparer

Les Besoins

Les Besoins consistent à satisfaire un ou plusieurs besoins de la cible afin de se faire bien voir et ainsi engager un processus d'entente mutuelle.

Créer le besoin : facultatif, ce besoin peut déjà exister et y répondre, même partiellement, peut suffire à ouvrir l'opinion à de la cible à celle à inculquer.

Satisfaire le besoin : ici, ce n'est pas le besoin dont la cible a conscience qu'il faut satisfaire, mais bien le besoin dont la cible n'a pas conscience, ainsi elle ne saura peut-être pas pourquoi (et moins elle le sait, mieux c'est) mais elle sera davantage ouverte

 

La main gauche

Cela consiste à influencer un adversaire de la cible afin de lui maintenir un sentiment d'insécurité. Soit la "main gauche" est un potentiel remplaçant si la cible échoue, soit elle est un concurrent direct et un rival plus ou moins détesté, soit la cible est en fait la "main gauche" d'une autre cible. On est ici dans la pure manipulation entre l'épouvantail et la compétition.

 

Éteindre l'esprit critique

On ne peut éteindre l'esprit que d'une seule façon et sur un seul type de relation : la cible doit être un néophyte dans le domaine discuté. Si c'est un néophyte, on peut facilement faire passer des vessies pour des lanternes, surtout quand le domaine est très complexe (exemple : le Nasdaq).

 

Des méthodes internes sont décrites plus avant et plus bas.


Inculquer

Jouer sur les sentiments

Quand la cible a délivrée ses points de pression et ses centres d'intérêt, on sait dès lors quel sentiment pourra la guider dans la direction voulue.

 

Le chien de berger

Si on sait qu'une personne fuira telle menace, il suffit de la lui mettre en face pour qu'elle s'arrête avant de penser à la contourner. La personne n'a pas la moindre idée que sa réaction a été prévue.

 

Forcer la main

Un personnage peut être forcé quand il est au pied du mur (c'est un traître, un faible, un déviant ou un débiteur). Ce genre de manœuvre n'en fera un allié, au contraire, mais cela fonctionnera certainement.

 

La norme sociale

En faisant passer l'idée pour une norme sociale ou devant le devenir, la cible l'acceptera plus facilement par conformisme et appel à la popularité. Cette méthode est la plus populaire en politique, c'est la démagogie.

 

Le paiement

Rares sont les personnes assumant pleinement leur corruption. Celles-ci, pouvant ne pas avoir autant d'influence qu'escompté, auront l'avantage d'être de véritables "yes-men", transmettant les idées que vous voudrez contre un simple paiement (en nature, espèces ou retour d’ascenseur).

 

Les autres méthodes...

... sont quasiment infinies, ou du moins elles le sont dans leurs déclinaisons. Les inventer et les voir réussir sont justement les choses les plus recherchées en scénario diplomatique.



Éteindre l'esprit critique : développement

On peut ainsi éteindre l'esprit critique d'une personne avec :

le RBL : en la noyant sous les termes techniques abscons et non-expliqués (pour Random Bullshit Language) dont l'intérêt est de donner la sensation à la cible de comprendre globalement de quoi il retourne alors qu'il n'y a rien à comprendre (exemple : "le monde est fréquentiel" ne signifie rien, c'est une illustration de l'effet "puit" : ça a l'air profond, mais c'est juste creux). Le confusionnisme - l'utilisation de fausses définitions des termes - permet de mélanger des mots connus et d'embrouiller sa cible qui - si vous faites comme si elle comprenait ce que vous dites - se pliera naturellement à cette idée pour simplement éviter l'inconfort de passer pour moins que ce que vous lui servez.

le mensonge : lui expliquer des choses fausses (exemple : "ce médicament s'utilise de cette façon car...").

le faux consensus : utiliser les appels à la popularité, à l'exotisme et à l'autorité pour donner la sensation d'un consensus ou d'un débat social, mais qui n'existe en réalité en aucune façon (exemple : "des centaines de spécialistes remettent en cause le 11 Septembre" en omettant que les millions d'autres spécialistes dans le monde ne le font pas).

la réactance : en faisant appel à la réaction épidermique d'une personne qui croit ses libertés atteintes, 

c'est grâce à la réactance qu'on capte le plus certainement l'attention, utile en politique comme en économie.

• la victimisation : se victimiser et se faire passer pour une personne à faire taire par les autorités (effet Galilée) est une défense utile quand quelqu'un tente de vous contredire. De fait, les déshonneurs par associations, les faux dilemmes, l'hypocrisie et les sophismes sont des armes extrêmement utiles si vous devez convaincre une assemblée plutôt que votre contradicteur (auquel cas vous ne pourrez rien si ce dernier connaît ces techniques). Ce doit être utilisé avec la réactance pour être crédible et impliquer l'assemblée : "on cherche à nous faire taire, on nous cache la vérité". Ce genre de propos est souvent tenu par les tenants d'opinions politiques répréhensibles et immorales.

la flatterie : flatter l’ego ou les sentiments (injustice en tête) de la cible vont la rendre presque prosélyte : si ses idées sont contredites, alors elle devient personnellement attaquée et ne fera plus la différence entre l'argument et l'insulte, la rendant inapte au débat et donc à se remettre en question.

la fausse solution : il est terriblement inconfortable de se sentir inutile et impuissant face à événement qui nous fait réagir ou qui nous implique émotionnellement. La fausse solution - apanage des gourous - consiste à faire croire que l'on possède la solution à ce problème et que nous suivre nous permettra de faire avancer les choses, et donc de palier à ses sentiments d'inutilité et d'impuissance : en suivant le gourou, on sert alors à quelque chose ; à tel point que presque rien ne pourra convaincre une cible de s'être faite manipulée.

les sources et la répétition : plus une source est compliquée à analyser, plus la personne aura... simplement la flemme de vérifier. Ainsi, une idée - même si elle n'est pas convaincante - sera enregistrée dans le registre des connaissances de la cible. Ainsi, multiplier les contacts avec cette idée la rendra de plus en plus crédible dans l'esprit de la cible, et ce sans qu'elle s'en rende compte. C'est le levier principal utilisé par les théoriciens du complot pour effectuer leurs inceptions.

 

Ainsi, la cible, croyant savoir, défendra ses vos idées, gratuitement et par pure croyance. Un personnage à ce stade est totalement manipulé et fanatisé.

 

A contrario, la maxime "reconnaître avoir tort, c'est toujours avoir un petit peu raison" n'est pas utilisable quand on éteint un esprit critique. Car justement, on n'est pas sensé avoir tort. La dissonance cognitive peut alors être entretenue ou esquivé par divers sophismes et ainsi assurer que sa cible continue à ne pas se remettre, ni à vous remettre, en doute.


Ce qu'il faut éviter pour maintenir un discours destiné à convaincre :

• le ridicule

• la contradiction

• la confrontation avec les faits

 

On pourrait croire qu'il faudrait éviter d'avoir tort, mais au contrainte, il faut avec ces outils parvenir à faire passer un tort pour une vertu. C'est tout l'objectif du lobbying.

 

Ce qu'il faut rechercher :

• l'attention

• l'égalité de légitimité avec les experts du domaine impliqué

• l'adhésion du publique

• la dramatisation et l'urgence de situation afin d'empêcher l'opposition de contre-argumenter (contre-argumenter demande toujours plus de temps et d'énergie que de baratiner son entourage)

 

Ici, tout est fait pour unifier les cibles autour de nous, afin de donner un poids politique à un propos, même si celui est faux. Nous ne dirons pas illusoire car toute influence politique l'est intrinsèquement.


Les émotions

Le lobbying s'appuie donc sur le fait de créer un besoin artificiel et d'y subvenir ou de nourrir une émotion de la cible au détriment d'une autre afin d'y associer le sujet présenté (joie, colère, dégoût, peur, tristesse, etc.) dont les émotions complexes les plus intéressantes demeurent :

 le désir,

 la culpabilité,

 la justice et l'injustice,

• le communautarisme et la filialité,

• le conformisme et l'anti-conformisme,

• la croyance et le prosélytisme,

 la vengeance,

 le sens du devoir,

 l'honneur,

• la victoire,

 la jouissance,

 la supériorité et la valorisation.

 

De plus, cela consiste également de répondre à un besoin préexistant de manière cognitive :

• besoins surgissant face à des événements incertains (stimuli de bruits ou visuels soudains) qui pourraient signaler un danger,

• besoins physiologiques qui sont des stimuli internes par exemple la faim, la soif, l'épuisement,

• associations cognitives qui sont des stimuli forts provenant d'associations mnésiques, par exemple, le souvenir d'une peur.

 

Sourcehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Émotion


Mise en contexte

Cette intrigue peut être retrouvée au sein de celles d'Allyssa Kane. Développons-les afin de comprendre quelles sont les options de lobbying à l'encontre de l'entreprise ciblée au sein du monde des ténèbres.

 

L'entreprise Endframe possède une technologie de compression pouvant rapporter potentiellement des milliards. Elle est malheureusement en bonne santé et il est difficile de la dévaluer afin de pouvoir lancer une OPA sur elle pour l'acquérir en lui rachetant comptant son capital, même auprès de ses actionnaires. Il faut donc l'affaiblir, lui donner une mauvaise image et la saboter avant de l'acquérir, la démembrer et n'en garder que le produit.

 

Même si tout cela échoue, ce qui compte c'est que tout cela se produise afin d'user les dirigeants et leur image afin de leur présenter cela comme une sortie honorable et salutaire et pour l'image auprès du grand public comme un taudis dont on se débarrasse.

Social Engineering

• Rumeur de financement de série supérieure : ayant déjà reçut une première série de financement en Seed (levée de fond initiale de l'actionnaire pour l'entreprise), faire courir la rumeur que l'entreprise cherche un nouveau financement de série A (série visant à rendre l'entreprise rentable en vu d'atteindre le marché national) la mettra en porte-à-faux par rapport à ses actionnaires actuels, facilitant les opportunités de rétrocession d'action.

Vérifier l'historique de la cible : en récupérant des informations et documents auprès de Russ Hanneman comme quoi elle a failli fusionner avec une entreprise concurrente permettra de la taxer de faiblesse économique et politique.

- lancer des rumeurs et calomnies au sujet de ses dirigeants durant des soirées, en passant par des bloggeurs s'il le faut (mais cela peut faire effet boomerang), ou flatter publiquement un de leurs adversaires,

 

- les faire attaquer en procès pour droits d'auteurs, le temps d'affaiblir leurs finances et attentions dans des instructions inutiles

 

- favoriser un ou plusieurs adversaires en faisant croire que cela vient de se supérieur, car justement c'est votre supérieur (manœuvre qu'il tentera de contrer),

 


Surnaturel

• Dominer des actionnaires : dominer tous les actionnaires (même une minorité) pourrait dévoiler la main des caïnites sur l'économie de la Silicon Valley. En effet, tous les dominer implique de tous les rencontrer et de changer un trait de personnalité commun. Tout le monde pourra comprendre que quelque chose se passe entre ces actionnaires, ce qui serait un bris de mascarade aux implications potentiellement gravissimes. Le jeu n'en vaut donc pas la chandelle, et si un ou deux d'entre eux peuvent être dominés discrètement par des joueurs peu respectueux des directives reçues, cela ne sera officiellement pas toléré par la Camarilla.

Hacking économique

- engager des hackers pour les pirater et détruire certaines de leurs données (via des indépendants forcément) ou récolter des données sensibles (irrespect de points légaux, contenus des contrats, etc),

 

- les forcer à financer leurs propres serveurs en convaincant leur fournisseur d'accès internet de mettre fin au contrat le plus tôt possible et leur bloquer les autres FAI,

 

- voler leurs clients et faire capoter leurs démonstrations et conférences.

 

- acheter le silence des éventuels témoins (argent, plaisir du baiser de sang, etc),

 

 

- corrompre des policiers afin d'arrêter l'un des opposants le temps que le vote se déroule, ou faire en sorte qu'il fraude et permettre son indéfectible et inconditionnelle loyauté s'il veut conserver sa place, une écoute des fréquences de la police peut être très utile


Politique

Faire tomber un actionnaire : à l'image de la domination, on peut faire tomber un actionnaire et le forcer à revendre ses parts  (mesure officielle si l'actionnaire est une menace pour l'entreprise) en enquêtant sur lui ou en le harcelant jusqu'à l'amener à commettre une faute publique. Le problème, c'est que faire tomber un actionnaire est déjà un événement dans le monde de l'économie qui ne manquera pas de faire parler de lui. En faire tomber deux signifiera que c'est le bordel dans l'entreprise et qu'une restructuration peut l'amener à l'implosion. Il ne faut donc utiliser cette méthode.

 

- élever une personne en servant de mécène (tuyauter un journaliste débutant, présenter un jeune avocat ou politique , sortir un marginal de sa mouise, par exemple) pour s'assurer par la suite de sa loyauté (attention à ne lui donner que ce qu'il faut de libertés), si bien sûr il vaut cet intérêt,

 

- convaincre des investisseurs de se retirer,

 

- offrir divers bonus : promettre un contact avec une autre entreprise ou des politiques, leur accorder des actions d'une autre, arranger des accords secrets avec des concurrents (illégal), convenir à leurs vices en toute discrétion, les proposer pour des galas de bienfaisance où ils seront mis en avant et célébrés, ou encore en leur offrant un aide pour dégoter des biens rares ou une maison très cossue, etc.